11 juillet 2018
Systèmes alimentaires Agroécologie Afrique de l'Ouest

Publication des actes de l’atelier du GTAE sur l’évaluation de l’agroécologie

Actualité

Prouver l’efficacité de l’agroécologie, c’est ce que cherchent à faire les quatre ONG composant le Groupe de travail sur les transitions de l’agroécologie (GTAE) : Agrisud, AVSF, CARI et Gret. Comment ? En construisant un référentiel d’évaluation fiable et objectif, jusqu’ici jamais mis en place. Pour cela, elles ont jeté les bases d’une première méthode (établie à partir des résultats fournis par le projet Calao) et organisé un atelier participatif fin 2017. Cet événement a rassemblé une centaine d’acteurs du secteur, afin de co-construire une méthode et des outils communs. Le GTAE publie aujourd’hui les actes de cet atelier.

L’agroécologie : un potentiel considérable pour la production agricole

Plusieurs études ont déjà démontré les bénéfices apportés par l’agroécologie. Le projet Calao, mené par le GTAE en 2017, renforce ces affirmations. Réalisé dans trois pays d’Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Sénégal, Togo), où différents systèmes de production ont été comparés, il a permis de mettre en évidence l’effet positif de l’agroécologie sur les rendements et le revenu agricole.

C’est particulièrement le cas pour les exploitations qui intègrent des activités agricoles et d’élevage, notamment au Sénégal. Calao représente une avancée dans l’élaboration d’une méthodologie commune ; cependant, plusieurs aspects doivent être renforcés afin de garantir une bonne articulation entre évaluation socio-économique et évaluation agro-environnementale.

Des critères unifiés pour une meilleure évaluation des effets et de l’impact de l’agroécologie

Il existe actuellement plusieurs méthodes d’évaluation, qui varient en fonction des contextes et des approches. Or, il est avant tout nécessaire de pouvoir comparer des résultats selon des indicateurs identiques, plutôt que de vouloir « homogénéiser » la démarche. Ces critères et indicateurs devront par conséquent être définis en fonction des éléments qui caractérisent une approche agroécologique :

  • Les 3 échelles complémentaires : la parcelle, la ferme, le territoire.
  • Les 2 aspects fondamentaux : agro-environnemental et socio-économique.

Cette prise en compte des interactions au sein d’une ferme ou d’un territoire à différentes échelles d’analyse demande ainsi de considérer des variables multiples et multi-disciplinaires. A cela s’ajoute également des critères liés aux « trajectoires de changement » pour analyser l’évolution des pratiques agroécologiques en termes de transitions.

La confrontation des méthodes, de leurs limites et conditions de mise en œuvre lors de l’atelier a débouché sur la création d’une grille d’analyse des pratiques et des trajectoires de changement (Actes de l’atelier, p.42), ainsi que sur une grille d’évaluation des effets socio-économiques et agro-environnementaux des pratiques agroécologiques (Actes de l’atelier, p.48 à 51).

Points clés pour une évaluation des performances et conditions de développement de l’agroécologie

L’atelier a permis de mettre en exergue un certain nombre de recommandations dans ces démarches évaluatives. Le temps apparaît ainsi comme une donnée importante car différente selon les actions menées. A titre d’exemple, les programmes de recherche s’effectuent sur des temps plus longs que les projets de terrain. C’est pourquoi il est nécessaire d’adapter les champs d’évaluation, les critères et les méthodes de mesure en fonction des objectifs de ces différents acteurs. La prise en compte des causes permet une meilleure compréhension et évaluation des performances globales de l’agroécologie et des processus de transitions. Enfin, les agriculteurs et agricultrices sont à placer au cœur de la démarche d’évaluation. Porteurs d’innovations permanentes mais peu visibles, il est nécessaire pour les chercheurs et praticiens de faire émerger ces pratiques et de les comprendre afin d’enrichir l’évaluation en la reliant à la réalité et aux objectifs des agriculteurs.

L’atelier a ainsi permis de construire une base commune, dont le contenu reste à affiner. Elle doit permettre aux praticiens du développement, d’une part, de mieux évaluer leurs actions et de réaliser des comparaisons de situations issues de différents territoires. D’autre part, elle doit aider à convaincre les décideurs politiques de la pertinence et de l’efficacité des systèmes de production agroécologiques afin que davantage de moyens soient accordés pour leur développement. Elle doit aussi permettre d’orienter le conseil à l’exploitation et les démarches d’accompagnement des agriculteurs dans cette transition.

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