Au Sénégal et au Burkina Faso, les femmes et les jeunes filles ont difficilement accès à des protections hygiéniques, en particulier en milieu rural. Les serviettes jetables sont chères : au Burkina Faso, leur prix sur l’année avoisine le montant du salaire minimum mensuel. Quant aux protections réutilisables (coupes ou serviettes), elles ne sont disponibles que dans les grandes villes et leur coût est rédhibitoire pour la plupart des femmes vivant en milieu rural.
Les femmes et les jeunes filles n’ont donc souvent pas d’autre choix que d’utiliser des chiffons ou des vieux pagnes, ce qui pose de sérieux problèmes d’hygiène, de confort et de dignité. L’absence d’alternative satisfaisante pour gérer ses menstruations est même l’une des premières causes d’abandon de l’école pour les jeunes filles.
Un diagnostic réalisé par le Gret en 2016, a par ailleurs montré un faible niveau de connaissance de la population en matière d’hygiène menstruelle. Les jeunes filles scolarisées ont peu accès à l’information et n’ont pas d’espace dédié pour discuter de ce sujet souvent tabou avec leurs camarades et leurs enseignant∙e.s.
Pour répondre à ces problématiques, le Gret a initié en 2020 le projet Dignité et Santé. Ses équipes accompagnent deux coopératives féminines, au Sénégal et au Burkina Faso, qui travaillaient auparavant avec le Gret sur d’autres projets, à concevoir et produire des serviettes réutilisables en coton biologique et à les commercialiser à un coût accessible. Deux marques ont ainsi vu le jour : Fantaa, au Sénégal et Vénégré, au Burkina Faso.
Afin de s’adapter aux besoins variés des femmes, plusieurs offres sont proposées : un kit maternité, adapté aux flux abondants, et un kit pour les flux légers à moyens. Ces ventes permettent aux groupements de femmes de dégager des revenus complémentaires à leurs activités.
Les serviettes sont commercialisées à travers quatre canaux :
Chaque kit est accompagné d’un guide d’information et d’un calendrier menstruel. Il est également possible d’opter pour l’option « complète », qui comprend une pochette de rangement et du bicarbonate de soude pour le nettoyage.
Pour lever les tabous sur les règles, les équipes du Gret mènent des activités de sensibilisation en milieu scolaire et dans les universités avec des professionnel∙le∙s de la santé et des enseignant∙e∙s. Elles ciblent les jeunes filles et les garçons, scolarisé∙e∙s ou non, et prennent la forme de discussions de groupe (en présentiel ou sur WhatsApp) et d’événements, tels qu’un forum pour la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle en mai 2022.
Saines : les serviettes sont faites avec du coton biologique, elles préservent l’équilibre de la flore intime et diminuent les risques d’irritations ou d’allergies.
Hygiéniques : pas de risques de fuites ou de sensation d’humidité.
Pratiques : très absorbantes et faciles à utiliser, elles offrent une totale liberté de mouvement.
Faciles à entretenir : les serviettes se lavent et se sèchent facilement.
Economiques : si les serviettes sont bien entretenues, elles peuvent être utilisées longtemps et permettent de faire des économies considérables par rapport aux serviettes jetables. La plupart des concurrents proposant des protections hygiéniques réutilisables ciblent les classes moyennes avec un prix de vente élevé. Les marques Fantaa et Vénégré proposent des prix de vente inférieurs afin de répondre aux besoins d’accessibilité de la part des femmes et des jeunes filles avec de faibles revenus. Acheter des serviettes Fantaa et Venegre, c’est aussi soutenir l’entrepreneuriat féminin.
Ecologiques : les serviettes sont réutilisables pendant au moins 2 ans et ne génèrent pas de déchets tous les mois comme les protections jetables.
Les serviettes hygiéniques jetables reviennent à environ 12 000 FCFA par an. Avec Fantaa, deux kits suffisent pour au minimum deux ans. Le coût est donc quatre fois inférieur. En comparaison aux autres protections réutilisables, les marques Fantaa et Vénégré proposent les prix les plus bas du marché. Avec Fantaa et Venegre, 2 kits suffisent pour gérer ses menstruations pendant 2 ans : cela représente un coût de 6 000 FCFA environ pour le kit « mousso », soit en moyenne 4 fois moins cher que des protections jetables.
Les ventes des deux groupements sont en hausse, au Sénégal et au Burkina Faso, mais aussi dans les pays voisins. Le groupement des femmes de Bani Israël a par exemple vendu 15 319 serviettes entre janvier 2021 et juin 2022, dont 870 au Mali et en Guinée-Bissau.
Au regard du grand nombre de demandes, le Gret souhaite continuer à soutenir les groupements et aider à la mise en place de nouvelles coopératives dans d’autres pays. Il est également envisagé, à terme, de créer une franchise qui apporterait des services transversaux (marketing, logistique, approvisionnement) aux groupements et aux marques dans les différents pays.
Partenaires financiers :
The Waterloo Foundation, Fondation Suez
Financement des kits distribués en milieu scolaire : Mairie de Bani Israël, Unicef, ONG VIS
Contacts projet :
Burkina Faso :
Maiga Mariama : maiga-m.burkina@gret.org
Sénégal :
Sy Aissatou : sya.senegal@gret.org
France :
Santi Marion : santi@gret.org