23 novembre 2020
Systèmes alimentaires Agroécologie Changement climatique Sécurité alimentaire Madagascar

L’agroécologie pour renforcer la résilience des populations du Sud de Madagascar

Actualité

Dans la région de l’Androy, dans le Grand Sud malgache, une forte sécheresse, couplée à un vent constant entraîne actuellement une grave crise alimentaire. Le Gret et l’Association réunionnaise Kéré se mobilisent pour apporter une aide alimentaire d’urgence et un approvisionnement en eau potable aux populations afin d’éviter que la crise n’empire.

Si ces aides sont efficaces pour répondre à l’urgence de la situation, le Gret rappelle également l’importance de développer des solutions sur le long terme pour renforcer la résilience des populations. L’agroécologie, développée sur place depuis 2014 par le Centre technique agro-écologique du Sud (CTAS) et le Gret, s’impose aujourd’hui comme une solution pertinente pour atténuer les risques climatiques récurrents de la région.

Le cahier projet Stratégie de développement de l’agroécologie dans le Grand Sud malgache retrace l’expérimentation conduite par le CTAS et le Gret sur les blocs agroécologiques. Couvrant plus de 4 400 hectares et bénéficiant à près de 4 000 ménages, ces blocs sont des parcelles de 10 hectares minimum sur lesquelles sont semées des plantes pluriannuelles (de deux à trois ans de vie). Faisant office de rempart contre l’érosion, ils sont aménagés autour du pois d’Angole – une légumineuse arbustive -, et offrent une grande diversité de plantes utiles. Ces blocs agroécologiques contribuent notamment à l’alimentation des habitant·e·s et fournissent du bois de chauffe, ressource rare de combustible dans cette région déforestée. Ils protègent également les cultures annuelles contre les vents secs, restaurent la fertilité des sols dégradés, augmentent l’infiltration de l’eau de pluie dans le sol, garantissant ainsi une meilleure croissance des cultures. Enfin, ils favorisent l’alimentation du bétail.

Les premiers indicateurs de la restauration des sols, sur la diversification de la production et des revenus ainsi que sur l’alimentation des ménages sont très encourageants. Malheureusement, l’ampleur, la longueur et la sévérité de la sécheresse actuelle ont mis à mal certains blocs : les semences ont été consommées par les ménages, le pois d’Angole brouté par le bétail, et les souches récupérées comme bois de chauffe. Cette sécheresse apporte ainsi des enseignements nouveaux qu’il convient d’étudier en poursuivant les expérimentations sur les blocs agroécologiques, dans le but de rendre les populations de l’Androy moins vulnérables aux aléas climatiques.

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