Dans la forêt de Ziama, ce foyer de biodiversité exceptionnelle situé dans le sud-est de la Guinée, la gestion durable des terres et des ressources est un enjeu primordial pour les populations riveraines et la préservation des écosystèmes fragilisés par les interventions humaines. C’est ainsi que le Gret construit avec les habitants de 32 villages riverains et les autorités administratives locales, un processus de planification de l’utilisation des terres. Celui-ci commence par l’élaboration participative de cartes des terroirs villageois, indispensables à la planification, et permettant aux communautés de projeter leur vision future d’une occupation des sols et d’une utilisation des ressources susceptibles d’assurer leurs besoins sur le long terme. Retour sur les étapes d’une construction commune.
Mobiliser les communautés villageoises avec la mise en place de comités de gestion communautaire
La structuration des comités de gestion communautaire au sein des villages constitue un préalable à la mobilisation des habitant·e·s. « Cette démarche permet aux communautés d’appréhender leurs responsabilités dans la gestion durable de leurs terroirs et de s’approprier leur rôle », nous confie Théophile Gnakoi Dopavogui, Responsable thématique Gestion des ressources naturelles au Gret. Le Gret s’attache à renforcer les capacités de gestion des comités et prépare leurs membres à la conduite d’exercices de cartographie et de planification.
Réaliser des diagnostics pour caractériser la situation des terroirs
Historique du village, données démographiques, formations naturelles, occupation agropastorale de l’espace, ressources exploitées, pratiques traditionnelles, innovations… La réalisation d’un diagnostic initial est une étape primordiale pour préparer les communautés à se projeter dans l’exercice de cartographie participative. Il est mené par l’équipe projet du Gret à partir de données disponibles et d’entretiens avec des personnes ressources. Les données recueillies pour chaque village sont ensuite présentées et permettent de faire ressortir les points communs et les spécificités.
La cartographie participative, une étape indispensable pour la planification de l’utilisation des terres
La réalisation de cette cartographie de l’occupation des sols et de l’usage des ressources a mobilisé des groupes d’une quarantaine de personnes par village. Elle a permis aux communautés de comprendre la situation actuelle à la lumière du passé et de projeter deux scénarios : l’un prolongeant la dynamique actuelle, l’autre permettant de l’infléchir.
Quatre cartes ont ainsi été réalisées. La première décrit la situation actuelle du terroir. Elle fait apparaître les zones d’exploitation (coupe du bois, plantations de palmier, de café, etc.), les forêts à caractère sacré, les sites d’élevage de porcs, les sources d’eau, les zones dégradées, les rivières communautaires, les bas-fonds, les étangs piscicoles, etc. La seconde décrit l’occupation des terres et l’exploitation des ressources, une vingtaine d’année auparavant. La troisième présente une projection à 20 ans, sans modification des pratiques actuelles. La dernière, enfin, présente le futur souhaité par les communautés : celles-ci projettent une occupation des sols et une utilisation des ressources qui leur semblent durables et permettent d’assurer leurs besoins sur le long terme. C’est à partir de cette carte que sera produit ensuite le plan d’utilisation des terres.
« Aujourd’hui, nous sommes plus que ravis par cette activité du Gret. Elle nous permet d’assurer la protection de nos valeurs culturelles et de nos sites traditionnels. Désormais, nous allons respecter les règles et les zones environnementales », conclut Saki Soropogui, Président de district de Kpoda participant au projet.
Ces activités sont menées dans le cadre du projet One Landscape : One vision, mis en œuvre par Fauna & Flora International (FFI) en partenariat avec le Gret depuis mars 2022, pour une durée de 25 mois. Inscrit dans le Programme d’appui pour la préservation des écosystèmes forestiers en Afrique de l’ouest (PAPFor) de l’Union européenne, ce projet transfrontalier couvre les écosystèmes de Wologizi-Wonegizi au Libéria et de Ziama en Guinée. Ces activités contribuent directement à la mise en œuvre du plan d’aménagement et de gestion de la Réserve de biosphère de Ziama (RBZ) dont la gestion incombe au ministère guinéen de l’Environnement et du Développement durable (MEDD) au travers de son démembrement, le Centre forestier de N’Zérékoré (CFZ).
Ce projet a été financé par l‘Union européenne. Le contenu de cet article relève de la seule responsabilité du Gret et ne peut aucunement être considéré comme reflétant le point de vue de son partenaire financier.