14 février 2024
Droits humains Jeunesses Santé Niger

Enregistrement des naissances au Niger : « chaque jeune existe, chaque jeune compte »

Enregistrement des naissances au Niger/ Gret ONG de solidarité internationale/ services essentielles/lutte contre la pauvreté

L’enregistrement des naissances est un sujet souvent délaissé des actions de solidarité. Il a pourtant un impact déterminant sur la vie et l’avenir des jeunes et le développement des pays. Au Niger, où la population est très jeune et en forte croissance, près de quatre enfants sur dix n’ont pas d’acte de naissance. Dans ce pays où 49,7% de la population a moins de 15 ans, l’enregistrement des naissances représente donc un défi majeur. Pour une meilleure prise en compte de cet enjeu central, le Gret lance le projet « Un acte de naissance pour et par les jeunes ». Ce projet collaboratif débutera au mois de mars à Niamey et dans la région de Tillabéri (sud-ouest du Niger) avec un groupe d’étudiant∙e∙s et de jeunes professionnel∙le∙s.

Les freins à l’enregistrement des naissances

Au Niger, comme dans de nombreux pays africains, les raisons du non-enregistrement des naissances sont multiples. Elles peuvent être d’ordre structurel et technologique, liées notamment au manque d’infrastructures, d’équipement et de personnel. Mais également politiques dans des contextes de crises et de conflits armés générant des déplacements de populations, ou encore en raison de politiques publiques et de cadres juridiques inadaptés. Il existe également des motifs culturels, cultuels et linguistiques. L’analphabétisme, le poids de certaines traditions – entre autres – constituent de véritables freins. Les causes sont également économiques : les faibles revenus, la distance des villes et le coût des transports, par exemple, peuvent rendre la démarche inaccessible pour certaines familles.

L’acte de naissance : un passeport juridique et citoyen

L’acte de naissance est le premier document attestant de l’existence légale d’une personne ; c’est en ce sens le premier droit d’un individu. Véritable passeport juridique et citoyen, son absence restreint l’accès aux droits civiques et politiques, économiques et sociaux. Difficile pour celles et ceux qui en sont privés d’accéder à l’éducation et à l’enseignement supérieur, aux services de santé, à la justice, à la propriété, à un compte en banque ou au droit de vote…pour ne donner que quelques exemples. Dépourvus d’acte de naissance, les jeunes sont aussi rendus plus vulnérables à toutes les formes d’exploitation et de violence car ils n’existent pas aux yeux de la justice : cela renforce davantage l’économie souterraine et limite le développement des individus et celui de leur pays.

 « Il faut bien comprendre que l’impact du non-enregistrement des naissances est immense sur les jeunes et, par ricochet, sur le développement des Etats. Sans acte de naissance, les jeunes se trouvent empêchés de prendre pleinement leur place dans leur société pour devenir acteurs et actrices des transitions sociales, économiques, démographiques et politiques. Ainsi, au-delà des conséquences individuelles, c’est le progrès et la croissance de leur pays, privé de leur apport, qui se trouvent mis à mal », souligne Mathilde Lionnet, responsable du projet. « De surcroit, en l’absence de données, les Etats ne peuvent pas se doter d’outils statistiques et de gouvernance fiables et ce la fragilise leur capacité à construire leurs politiques publiques », ajoute-t-elle.

Un projet innovant, construit avec les jeunes et pour les jeunes

Pour contribuer à lutter contre le fléau du non-enregistrement des naissances, le Gret a lancé un projet qui inclut directement les jeunes dans l’élaboration et la mise en œuvre de solutions. Le Gret accompagnera ainsi un groupe de jeunes étudiant∙e∙s et jeunes professionnel∙le∙s, dont les futurs métiers se trouvent au cœur de cet enjeu (démographe, sociologue, juriste, fonction hospitalière). Avec les équipes du Gret, ce noyau prendra le lead des actions menées.  Le sujet pourra être plus largement abordé au sein des universités afin que les étudiant∙e∙s puissent faire entendre leur voix pour eux-mêmes et pour leurs pairs moins avantagés, favorisant un effet de cohésion.

Parmi les activités, outre un diagnostic précis de la situation des enregistrements des naissances pour dégager une première stratégie d’intervention avec les acteurs concernés, une campagne d’obtention d’acte de naissance « Chaque jeune existe, chaque jeune compte », sera menée grâce à un système de parrainage entre étudiant∙e∙s et jeunes sans acte de naissance. Elle sera suivie d’une campagne de sensibilisation intitulée « Mon certificat de naissance, mon assurance-vie » également mise en œuvre par le groupe de jeunes à destination des futurs et jeunes parents.

« Avec ce projet, les jeunes d’aujourd’hui agissent pour les jeunes de demain. Il comporte donc un double intérêt : celui de renforcer, maintenant, le pouvoir d’agir des jeunesses, tout en permettant d’obtenir des changements pour le futur », déclare Ali Louali Sama, chef de projet au Niger.

Ce projet est financé par le Fonds d’appui du Gret.

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