02 décembre 2020
Ressources naturelles Biodiversité Communs Gouvernance partagée Laos

Communs et gouvernance partagée – Développer une gestion commune et durable des mares urbaines de Luang Prabang

Actualité

Suite à la signature d’une Convention programme établie avec l’Agence française de développement (AFD) en 2019, le Gret a engagé une réflexion sur l’approche par les communs dans une douzaine de ses projets. Nous vous présenterons tout au long de l’année ces différents projets, portant sur une variété de thématiques. Aujourd’hui : le projet Wise au Laos.

Les mares urbaines de la ville de Luang Prabang sont l’un des piliers de sa classification au patrimoine mondial de l’Unesco. Afin de restaurer et valoriser ces zones humides constituées des 29 mares des quartiers de Ban Mano et de Ban Phongkam, au cœur de la ville, le projet Wise (Wetlands improvement and Sanitation Enhancement, que l’on peut traduire par « Amélioration des zones humides et de l’assainissement ») a été lancé fin 2019 pour une durée de 30 mois. Ces mares rendent en effet des services importants aux 200 ménages riverains ou propriétaires, et participent notamment à l’atténuation des risques d’inondation, l’adaptation au changement climatique, ainsi qu’aux activités d’aquaculture et de pisciculture. Cependant, bien que protégées par une régulation stricte, ces mares se détériorent et sont menacées par les rejets d’eaux usées et les dépôts de déchets solides, par la prolifération de plantes invasives et par la pression foncière qui pousse certains propriétaires à les combler.

La gestion des mares de Luang Prabang relève théoriquement de la responsabilité de plusieurs acteurs. Au niveau municipal d’abord, le département du patrimoine est chargé d’appliquer la réglementation de la zone classée, le bureau des services urbains est quant à lui responsable de son aménagement, et le département des ressources naturelles et de l’environnement assure pour sa part le suivi de la qualité des eaux. De leur côté, les propriétaires sont responsables de l’entretien de leur propre mare, à l’exception de l’une d’entre elles, qui relève du domaine public et dont l’entretien incombe au comité villageois. Cependant, le manque de moyens pour faire appliquer la réglementation et l’absence d’espace de dialogue entre les différents acteurs ne permettent actuellement pas une gestion efficace des mares. Les riverains, qui participent donc à la dégradation de la zone, subissent également les nuisances directes engendrées par cette situation : insalubrité, prolifération de moustiques, eaux saumâtres etc.

Partant de ce constat, le projet Wise opte pour une approche par les communs, afin notamment d’identifier les blocages et les solutions possibles pour améliorer l’entretien et la protection de la zone humide. Pour impliquer les résident·e·s, les propriétaires des mares et les autorités locales dans cette démarche d’amélioration, un processus participatif a été initié. Dans un premier temps, une analyse de l’utilisation des mares et de leur perception par les habitant·e·s a été réalisée via des enquêtes auprès des ménages, et un inventaire détaillé a été conduit afin de décrire précisément les conditions d’état et d’utilisation de chaque mare. Afin de confronter les conclusions de ces investigations aux points de vue des résident·e·s et susciter ainsi leur participation, des ateliers de restitution et des discussions de groupe ont été organisés. Ces discussions collectives, animées par l’équipe du projet et des partenaires locaux, ont aussi permis de proposer aux habitant·e·s l’idée d’une gouvernance participative des mares et d’appréhender leur volonté à s’engager dans cette approche.

Les jeux de rôle permettent de faciliter la compréhension du rôle et des responsabilités de chacun·e

La prochaine étape de ce processus participatif visera à accompagner les différents acteurs impliqués dans la gestion et la conservation de ce bien commun, notamment via la mise en place de jeux de rôle, qui permettent de faciliter la compréhension du rôle et des responsabilités de chacun·e, mais aussi de mettre en évidence les bénéfices qui découleraient d’une bonne gestion des mares comme le développement d’activités rémunératrices, l’amélioration de l’environnement, une meilleure adaptation aux risques d’inondation, etc.

L’objectif, à terme, est de constituer un comité de gestion participatif chargé de co-construire des actions de restauration des mares urbaines et de veiller à leur entretien et à leur protection.

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