30 juin 2020
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Communs et gouvernance partagée – Des jeux pour co-construire les règles de gestion d’un mini-réseau électrique à Madagascar

Actualité

Suite à la signature d’une Convention programme établie avec l’Agence française de développement (AFD) en 2019, le Gret a engagé une réflexion sur l’approche par les communs dans une douzaine de ses projets. Nous vous présenterons tout au long de l’année ces différents projets, portant sur une variété de thématiques. Aujourd’hui : le projet Rhyviere 2 à Madagascar.

À travers le projet d’électrification rurale Rhyviere, mené de 2008 à 2015, le Gret a permis à 2 500 familles réparties sur cinq communes rurales de Madagascar d’accéder à l’électricité. Cette première phase a été complétée et répliquée sous la forme du projet Rhyviere 2 financé par le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) et l’Union européenne.

Dans le cadre d’un financement additionnel de l’Agence française de développement (AFD) issu de la Convention programme sur les Communs, deux installations de production d’électricité ont été mises en service à Fiadanana (plateforme multi-services de 5,6 kWc) et à Ankitsikitsika (pico-centrale hydroélectrique de 10 kW). Ces solutions permettent d’assurer un accès à l’électricité à 200 ménages de ces villages reculés, ne bénéficiant pas d’un raccordement au réseau principal alimentant Camp Robin, Vohiposa et Sahatona (500 kW installés).

Alors que la réglementation malgache prévoit une gestion de ces petites installations par l’opérateur concessionnaire, les sites isolés sont difficiles d’accès et peu rentables si ce dernier doit y positionner une équipe de manière permanente. Aussi, le Gret a proposé aux différentes parties une gestion déléguée au niveau local, en accompagnant les populations et l’opérateur pour qu’ils établissent ensemble les tarifs et les règles de gestion (salaires, maintenance, remplacement du matériel, etc.).

Pour cela, un jeu de plateau a été conçu, permettant aux futurs utilisateurs et utilisatrices du service d’interpréter le rôle d’usager, de gestionnaire ou d’opérateur. Les tarifs et les règles de gestion sont définis à chaque tour, équivalant à une année. Des évènements inattendus peuvent remettre en cause la pérennité de la structure si les tarifs et/ou les modalités de gestion ne sont pas suffisamment robustes. Ainsi, des malus tels que des mauvaises récoltes ou un cyclone peuvent apparaître, tandis que des bonus comme l’augmentation du nombre d’abonné·e·s peuvent couronner une bonne gestion du jeu. Les contraintes techniques des installations sont aussi intégrées dans le jeu, notamment la limite d’énergie par jour à partager entre les usager·ère·s.

Le jeu a ainsi permis aux futurs abonné·e·s de s’approprier les enjeux liés à la production d’électricité et à la manière dont l’infrastructure peut continuer à fonctionner dans la durée. La démarche co-construite permet également de souligner la valeur communautaire des installations, et l’intérêt de se partager la ressource de manière concertée et durable. À Fiadanana, à l’issue du jeu, les tarifs de la recharge téléphone et de lampe initialement proposés ont par exemple été augmentés de 100 Ariary (soit 2 centimes d’euro), et un dispositif de discussion des modes de gestion a été mis en place pour réajuster les règles tous les trois mois.

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