10 novembre 2022
Nutrition et santé Systèmes alimentaires Filières agricoles Nutrition Guinée

Améliorer l’information et la connaissance des communautés sur les enjeux agricoles, alimentaires et nutritionnels en Guinée

Actualité

Malgré les efforts du gouvernement, la région de Kindia en Guinée souffre encore de taux de malnutrition élevés. Chez les enfants, le taux de retard de croissance s’élève à 29 %, l’émaciation à 10,1 % et l’anémie à 75 %. Le Gret et ses partenaires locaux soutiennent et sensibilisent les habitantes aux bonnes pratiques nutritionnelles, adaptées au contexte local de la Guinée maritime.

Une démarche de sensibilisation s’appuyant sur un diagnostic nutritionnel

En amont du démarrage des activités de sensibilisation, l’équipe locale du Gret a réalisé un diagnostic nutritionnel pour évaluer la connaissance, les aptitudes et les pratiques des communautés sur la nutrition, les soins de santé, les pratiques d’hygiène et l’amélioration de leur statut nutritionnel.

Au regard des résultats de cette étude, un atelier de partage avec les parties prenantes a été organisé afin d’échanger sur les résultats du diagnostic et définir les actions à mener. Les recommandations ont notamment pointé le manque d’information et de connaissances sur la nutrition, l’alimentation, l’hygiène et les soins de santé communautaires, permettant d’élaborer une stratégie de sensibilisation et de définir un outil pour la sensibilisation.

Cette stratégie est centrée sur l’identification de personnes relais au sein des organisations paysannes locales, puis leur formation sur les thèmes spécifiques à la nutrition. Leurs compétences ont également été renforcées en matière de techniques d’animation afin qu’elles puissent accompagner les agents du projet dans l’amélioration du niveau d’information et de connaissances des populations sur les enjeux agricoles, alimentaires et nutritionnels au niveau communautaire.

Ces personnes relais ont pu prendre conscience des enjeux liés à la nutrition et des moyens d’action possibles au niveau de leurs ménages grâce à des séances de sensibilisation sur six grandes thématiques illustrées à l’aide de boîtes à images, associées à des démonstrations culinaires pour l’alimentation des enfants de 6 à 23 mois.

Rôle des relais nutrition
« Je m’appelle Salematou Haba, j’ai 23 ans et je suis maman d’une petite fille de 13 mois. Parce que je sais lire et écrire mais aussi parce que je suis membre du groupement, j’ai été choisie par la société coopérative de notre village lors de l’identification des personnes relais en nutrition pour les représenter.
 Avec le démarrage des activités de nutrition, mon rôle est de mobiliser tout le monde – hommes et femmes –, pour les inciter à participer à nos différentes séances de sensibilisation. J’encourage également chaque participant·e à réagir lors des discussions et à appliquer les nouvelles connaissances reçues pendant la sensibilisation. »
Salematou Haba, relais nutrition en animation dans le village de Kounkounsoly Kindia/Guinée

Des premiers retours prometteurs

« Nous avons appris beaucoup de choses grâce aux deux premières séances de sensibilisation. Avant, quand j’amenais du yoka khrindé (le manioc frais en langue soussou), du Wouré (patate) pour faire le dîner, ma femme n’acceptait pas de les préparer. Pour elle, le riz est le seul bon aliment qu’il faut consommer chaque soir. Mais depuis qu’on a assisté à la séance de sensibilisation sur les groupes d’aliments et leurs rôles, les femmes du village ont beaucoup changé, surtout la mienne. Elle prépare maintenant les aliments cultivés dans mon champ et pas uniquement le riz, comme auparavant. J’ai également compris qu’en tant qu’époux, je dois aider puis assister ma femme quand elle est enceinte ou quand elle allaite notre bébé. Mon souhait est que ce programme soit non seulement durable, mais aussi que les sensibilisations touchent les autres villages de la localité », déclare Fodé Oumar Camara, bénéficiaire du programme, après une réunion de sensibilisation.

L’approche innovante du programme consiste par ailleurs en la présence pérenne de personnes relais en nutrition dans chaque localité. Cela permet de sensibiliser un large éventail de personnes dont les femmes en âge de procréer, les époux, les belles-mères et les responsables administratifs et religieux au niveau local sur la problématique de la nutrition, sur les pratiques d’hygiène, sur les soins de santé et sur les liens agriculture-nutrition. Ainsi, dans chaque localité, les relais nutrition animent deux séances par mois auprès de deux groupes différents.

Durant ces premières séances de sensibilisation, les équipes du projet partagent des messages sur l’équilibre alimentaire et son importance pour la santé et le bien-être. Ils portent notamment sur la fréquence des repas, la réduction des travaux pénibles pendant la grossesse, les avantages de l’allaitement maternel exclusif, ou encore l’appui des époux pour rendre la nourriture disponible à travers la diversification de la production agricole.

« Je dirais que le programme constitue non seulement une excellente démarche pour renforcer la capacité des acteurs locaux sur les liens entre production agricole et  nutrition, mais aussi  le cadre adéquat pour promouvoir les bonnes pratiques d’alimentation et de nutrition à travers des activités de sensibilisation au sein des organisations paysannes et améliorer le niveau d’information et de connaissances des communautés », explique Lanciné II Camara, responsable adjoint en nutrition du projet ProFiMA en Basse Guinée.

Abdoulaye, relais nutrition et membre du groupement Yaguiba à Yénguélén, s’investit pour sensibiliser sa communauté sur les bonnes pratiques nutritionnelles et les liens entre la production agricole et la nutrition dans le cadre du programme Asanao 2.

Financé par l’Agence française de développement, le programme Asanao conduit et défend la mise en place d’actions holistiques destinées à améliorer durablement l’état nutritionnel des populations en Afrique de l’Ouest. Mis en place dans ce cadre par le Gret en partenariat avec la Maison guinéenne de l’entrepreneur (MGE) et Osez Innover (OI), le projet « Promotion des Filières Mangue et Ananas » (ProFiMA) accompagne le développement des filières mangue et ananas au niveau de l’axe Coyah-Kindia-Mamou. Ce projet a pour objectif d’améliorer les performances techniques et économiques des entrepreneur∙euse∙s des filières ananas et mangue en favorisant l’accès à l’information sur les marchés et les relations commerciales, en accompagnant les acteur∙rice∙s dans l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’affaires, en renforçant leurs compétences pour répondre aux marchés visés et en mettant en place une filière professionnelle de producteurs de rejets d’ananas pour une plus grande autonomie et croissance de la filière

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