13 juillet 2022
Ressources naturelles Changement climatique Citoyenneté Société civile Togo France

3 questions à… Rolande Aziaka

Actualité

Activiste togolaise pour l’environnement, Rolande Aziaka a créé en 2017 la première WebTV dédiée aux Objectifs de développement durable au Togo. Elle a ensuite représenté la société civile africaine à la Convention des Nations unies sur la désertification pendant deux ans, avant d’être co-facilitatrice du groupe des Grandes ONG au Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Rolande Aziaka a participé à la validation de la stratégie climat du Gret en tant que Grand Témoin, le 7 avril dernier.

D’où vient votre vocation pour l’environnement ?

Lorsque j’étais adolescente, il y avait une radio communautaire proche de ma localité. Chaque semaine, les auditeurs pouvaient appeler pour donner une idée, suggérer un débat, commenter l’actualité. Peu d’auditeurs parlaient de l’environnement alors que pour moi, la forêt et la biodiversité étaient essentiels. Cela m’a donné envie d’appeler pour mettre ce sujet plus en avant dans les discussions. J’ai commencé à appeler, à devenir une fidèle de l’émission, à tel point qu’à un moment donné, on m’a proposé de passer de l’autre côté du micro. L’aventure a ainsi commencé.

Ma vocation pour l’environnement, c’est donc une conviction profonde, quasiment innée, mais c’est aussi une réaction par rapport au manque de prise de conscience. C’est aussi une marque de confiance que l’on m’a offerte, dès le départ.

En tant que membre et représentante de la société civile en lien avec ces questions, quels sont, selon vous, les rôles à jouer par les organisations de la société civile (OSC) ?

Je participe souvent aux COP et aux négociations internationales. J’interagis avec des diplomates, des membres du secteurs privés, des scientifiques… La principale distinction entre ces acteurs et les OSC, c’est le terrain. Les OSC ont un ancrage, une capacité d’action, une redevabilité aussi. Elles doivent être en mesure de faire remonter du terrain les priorités, les attentes, les actions qui marchent, pour enrichir les discussions sur les trajectoires de développement, consolider les données scientifiques, orienter l’agenda international pour un monde plus juste et durable. C’est un rebouclage essentiel.

Les OSC ont également une capacité d’action sur le terrain, complémentaires des autres acteurs, notamment des élus locaux. Elles doivent donc aussi amener ces débats sur place : comment construire une transition locale, qui corresponde aux aspirations des habitants tout en pensant à l’avenir, en prenant en compte l’extinction mondiale de la biodiversité, le changement climatique, la pollution, etc. ?

Enfin, les OSC ont un devoir d’exemplarité. C’est un aspect mis en avant dans la stratégie climat du Gret, qui m’a marquée. En tant que porteuse d’une WebTV, je me suis moi-même posé la question de savoir comment concilier participation citoyenne numérique et sobriété.

Rolande Aziaka, vous avez participé à la validation de la stratégie climat du Gret, quel est votre retour d’expérience ?

Ce fut un moment inspirant. J’ai senti qu’il y avait eu beaucoup de débats en amont pour définir le rôle que le Gret peut jouer. Parce que ce lien est complexe, il passe par plusieurs leviers d’actions : les projets, les activités. Il doit être aussi adapté aux métiers, aux méthodes d’intervention, aux ancrages de chaque ONG. Il faut aussi trouver une réponse efficace qui ne tombe pas dans le greenwashing.

Au fond, l’équilibre à trouver est de poursuivre, voire développer son action – la mienne comme celle du Gret – sur le terrain tout en émettant moins. Impacts versus sobriété. Je dis versus mais en fait, je pense que les deux sont intimement liés et la solution est là : impacts et sobriété. C’est justement plus de personnes sur le terrain ; c’est renforcer la société civile locale ; transmettre des compétences, des savoirs ; co-construire, renouveler le partenariat entre OSC…

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