La baie de Hann est une étendue de sable fin d’une vingtaine de kilomètres contiguë au port de Dakar, au Sénégal. Autrefois considérée comme l’une des plus belles baies au monde, elle est aujourd’hui très fortement dégradée par l’amoncèlement de déchets, en particulier plastiques, les rejets industriels et le déversement des eaux usées. La prolifération des déchets plastiques menace fortement les écosystèmes côtiers, enchevêtrant et asphyxiant la faune et polluant durablement la flore. Elle constitue une menace sérieuse pour l’économie bleue, notamment la pêche et le tourisme, tout en posant un risque sanitaire important pour les habitants exposés aux microplastiques. Au Sénégal, la pollution plastique est récente, causée par les nouvelles habitudes de consommation et la prolifération des emballages. On estime qu’environ 80% des déchets plastiques en mer viennent de la terre, contre 20% apportés par les courants.
Pour réduire la pollution plastique marine, il faut à la fois limiter la production et l’usage de plastiques, surtout les emballages, et renforcer les systèmes locaux de collecte et de recyclage, qui manquent de moyens techniques et financiers.
Une étude menée par le Gret, restituée à l’ensemble des acteurs locaux, a permis de diagnostiquer et de vulgariser les causes de la pollution plastique littorale. Elle a aussi généré de fortes attentes d’actions concrètes permettant d’améliorer le cadre de vie des habitant·es et de préserver les écosystèmes marins et littoraux.
Pour répondre à cette situation, les équipes du Gret et leurs partenaires, mettent en oeuvre un projet de réduction de la pollution plastique dans la baie de Hann. Il s’articule autour de trois axes principaux.
Le premier axe se concentre sur un diagnostic concerté par le biais de sciences participatives, avec des campagnes de caractérisation menées sur cinq sites de la baie, en collaboration avec les associations locales et environnementales. Ces actions sont accompagnées de supports de sensibilisation, de la priorisation des actions à mener et de la mobilisation des différents acteurs concernés.
Le deuxième axe vise à renforcer les connaissances et capacités des acteurs locaux, notamment les organisations de la société civile, afin de les aider à mieux comprendre les enjeux de la pollution plastique et à développer des initiatives pour y faire face. Cela passe par la vulgarisation des résultats des études.
Enfin, le troisième axe se focalise sur l’amélioration de la collecte et du recyclage des déchets plastiques sur trois sites pilotes. Concrètement, il s’agit d’accompagner la mise en œuvre d’actions pour réduire la pollution plastique, en améliorant la pré-collecte dans les quartiers littoraux, en renforçant les capacités de recyclage, en réfléchissant à l’aménagement urbain et à la menuiserie plastique, dans le cadre d’un plan d’actions co-construit avec les communautés locales.
Ce projet est mené par le Gret et ses partenaires : Surfrider, Zéro déchets, Jeunes reporters citoyens, associations locales, communes, SONAGED, PROMOGED.
Le Gret a mené une étude pour analyser les sources de pollution marine et caractériser les différents types de déchets présents, au niveau de 4 villes littorales sénégalaises (Saint-Louis, Dakar, Mbour et Ziguinchor). Il en ressort que les déchets plastiques (principalement des plastiques et polystyrènes issus d’emballages agro-alimentaires, de produits ménagers et de sachets d’eau) représentent 80% des déchets présents sur les sites. Le taux de recyclage était de 22%, alors que 42 000 tonnes de plastiques pourraient être valorisées chaque année.
Des recommandations opérationnelles, ville par ville, ont été faites, à la fois pour prévenir la prolifération de ces déchets, et mieux gérer leur collecte et leur réemploi. Des solutions locales existent pour réduire la pollution. Par exemple, la règlementation sénégalaise interdit les sachets plastiques d’eau, très polluants et difficilement recyclables. Cependant, cette interdiction n’est pas appliquée faute de décret. A Dakar, plusieurs acteurs du recyclage sont déjà actifs et de nombreux acteurs de la société civile œuvrent pour réduire cette pollution. Leur engagement gagnerait à être accompagné techniquement.