Le Gret publie la restitution d’une étude menée en 2021 dans l’Androy (sud de Madagascar), visant à explorer des solutions d’accès à l’eau potable adaptées aux contraintes de la région et aux besoins des ménages, et reposant sur des systèmes pérennes de gestion.
Les épisodes de sécheresse, liés à l’insuffisance de pluie et à la rareté des ressources en eau disponibles, sont récurrents dans l’Androy : cinq épisodes majeurs ont eu lieu en trente ans (entre les années 1970 et 2000), entraînant de graves pénuries alimentaires. La gravité de ces crises, et la mobilisation médiatique qui les accompagne, tendent cependant à masquer ce qui se passe dans « l’entre deux » : la malnutrition et la pauvreté sont des phénomènes chroniques, que les périodes de sécheresse aggravent, en poussant les familles à consommer des aliments impropres, à vendre à vil prix les biens (notamment le bétail) qui leur permettraient de générer des revenus et de se relever des crises, ou à migrer vers le Nord et des perspectives incertaines.
La sécheresse en 2020 et 2021 a été particulièrement forte, mettant en péril la vie et la santé de centaines de milliers de personnes. Fin 2021, les Nations unies estiment que 1,3 million de personnes ont besoin d’une aide d’urgence.
Face à ce constat, les équipes du Gret à Madagascar, avec le soutien de l’association Kéré (basée sur l’île voisine de La Réunion), ont mené une étude pour formuler de nouvelles solutions durables d’accès à l’eau potable. Au-delà de l’aide d’urgence dont bénéficie régulièrement le Sud de la Grande Ile, l’enjeu est en effet de mettre en place des dispositifs permettant de fournir un accès sûr et dans la durée à une eau potable de qualité, pour améliorer significativement les conditions de vie des populations et contribuer au développement social et économique local.
La durabilité étant l’enjeu central, l’étude a porté une attention particulière à :
- L’analyse des dispositifs existants, ainsi que de leurs forces et leurs faiblesses : l’enjeu étant de s’assurer de la complémentarité entre les infrastructures existantes et celles à mettre en place, et de souligner la nécessaire diversité des solutions requises pour répondre aux contraintes multiples que connaît la région ;
- l’évolution de la situation dans l’Androy, en particulier les effets des changements climatiques sur la pluviométrie et la dégradation – en quantité et en qualité – des ressources en eau ;
- la pérennité des services, ce qui implique de se préoccuper tant des choix techniques d’infrastructures constitutives du système d’approvisionnement, que de leurs modalités d’exploitation et de maintenance, car ces dernières ont un impact majeur sur la tarification de l’eau pour les usagers et donc sur l’accessibilité de l’eau à tous. Les critères socio-économiques et de gestion adaptés aux capacités et besoins locaux sont cruciaux dans l’équation.
Cette étude a été menée avec le soutien de l’association Kéré, et l’appui technique du Ministère de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène.