Quach Thi Trinh vit dans un village rural du district de Mộc Châu, dans la province de Son La (Nord-Ouest du Vietnam). Sa ferme, située sur un terrain en pente, a longtemps été confrontée au problème de l’érosion des sols, sur une terre déjà dégradée. Mais la découverte de nouvelles pratiques agricoles lui a permis de transformer durablement son activité.
Trinh souhaite améliorer sa plantation de manguiers. Frustrée par les limites des pratiques agricoles conventionnelles, elle décide d’explorer une nouvelle approche. Dans le cadre du projet Asset et grâce aux conseils des agronomes de l’Institut des sciences agricoles et forestières des montagnes du Nord (NOMAFSI), elle découvre les avantages de la culture intercalaire. Cette technique agricole qui consiste à cultiver simultanément des espèces différentes dans le même champ ou sur la même parcelle, permet de maximiser l’efficacité de l’utilisation des terres, de renforcer la biodiversité et de favoriser l’équilibre écologique.
Impatiente de tester cette méthode, Trinh décide de planter aux côtés de ses manguiers, des cultures de couverture composées de légumineuses : haricot-riz, haricot rouge, pois papillons et arachide fourragère. Un an plus tard, les changements sont considérables, à commencer par la croissance de ses manguiers, qui s’améliore nettement, la présence des cultures de couverture créant un environnement favorable. Sur les parcelles de culture intercalaire, les arbres fruitiers présentent un feuillage plus sain et donnent plus de fruits que sur les parcelles traditionnelles, en monoculture. Autre fait important : les cultures de couverture n’entrent pas en compétition avec les arbres fruitiers pour l’eau. La culture intercalaire permet, au contraire, de retenir l’eau de pluie. Les cultures de couverture favorisent une meilleure infiltration et maintiennent l’humidité du sol.
La culture intercalaire joue également un rôle dans la prévention de l’érosion des sols, une préoccupation courante sur ces terrains vallonnés. Les systèmes racinaires complexes des cultures de couverture forment en effet une barrière protectrice et atténuent les risques d’érosion causés par les fortes pluies et les vents violents. Sur le terrain de Trinh, les racines ont ainsi efficacement stabilisé l’agrégat du sol, préservant la couche arable fertile.
Si les succès de Trinh ont suscité la curiosité et l’intérêt des autres agriculteurs et agricultrices, elle s’est rendu compte qu’ils n’avaient pas tous immédiatement adopté cette pratique. Malgré leurs hésitations initiales, Trinh n’a pas faibli dans son engagement en faveur d’une agriculture durable. « Même si tout le monde n’a pas encore commencé à pratiquer la culture intercalaire, j’ai pu faire le constat de ses avantages. Mes arbres ont prospéré et produisent des fruits en abondance. Je suis convaincue que l’extension de l’utilisation des cultures de couverture à mes autres parcelles produira des résultats positifs similaires« , a-t-elle déclaré, confiante.
Augmentation des rendements, amélioration de la santé des sols, réduction de la consommation d’eau : ces résultats concrets, associés à l’exemple donné par Trinh, entraînent aujourd’hui un changement progressif des pratiques agricoles dans le village.
Cette histoire montre bien que l’adoption de nouvelles techniques agricoles peut induire des changements profonds. L’approche simple et rentable de la culture intercalaire a apporté des améliorations tangibles dans la vie des villageois et des villageoises de Môc Chäu, ouvrant la voie à une agriculture plus durable. Inspirée par le succès de Trinh cette communauté rurale de Mộc Châu commence même à explorer d’autres pistes innovantes qui pourraient encore renforcer la durabilité de leurs pratiques.
Cet article a été rédigé dans le cadre du projet Asset, la version originale en anglais est consultable sur le site du projet.
Le Projet ASSET, mené par le Gret et le Cirad, est financé par l’Union européenne, l’Agence française de développement et le Fonds français pour l’environnement mondial. Il a pour ambition d’accompagner et promouvoir une vision commune de l’agroécologie et des transitions de systèmes alimentaires sûrs en Asie du Sud-Est. Au Vietnam, le projet est mis en œuvre en partenariat avec l’Académie des sciences agricoles du Vietnam (VAAS) et d’autres partenaires nationaux et internationaux.
Le contenu de cet article relève de la seule responsabilité du Gret et ne peut aucunement être considéré comme reflétant le point de vue de ses partenaires financiers.