Antananarivo, la capitale de Madagascar, fait face à une urbanisation rapide et difficile à contrôler. L’extension des zones privées réduit l’espace public, entraînant la formation de quartiers surpeuplés avec peu d’espaces de rencontre et de détente. Cette expansion rapide pèse également sur la circulation, accentuant les défis en matière de mobilité dans la ville, où les déplacements deviennent de plus en plus compliqués.
A l’occasion de la Journée Mondiale des villes, célébrée chaque année le 31 octobre, nous mettons en lumière le projet Pépinière Urbaine d’Antananarivo, financé par l’Agence Française de Développement (AFD) et mis en œuvre par le Gret et le Cabanon Vertical. Ce projet innovant répond à plusieurs problématiques urbaines dans sa manière de concevoir la ville avec les habitants.
Interview de Rina Soafara Andriambololomanana, cheffe de projet au Gret.
Quelle est l’approche de ce projet en matière de développement urbain ?
La Pépinière Urbaine d’Antananarivo est un projet qui soutient des initiatives de conception collaborative de l’espace public. Nous mettons l’accent sur la collaboration entre les citoyen∙ne∙s, les acteurs locaux et les autorités locales. À travers des initiatives participatives, nous créons des lieux adaptés aux besoins des habitant∙e∙s, tout en facilitant des changements concrets et visibles dans la ville. Cette approche permet de contribuer à la transformation urbaine de manière inclusive et durable.
Vous avez mentionné une approche innovante sur la participation citoyenne. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Absolument. Nous avons mis en place des dispositifs de participation pour impliquer les résident∙e∙s dès le début du projet. Ces dispositifs nous ont aidés à concevoir les aménagements avec les habitant∙e∙s et les acteurs locaux (associatifs, organisation et leaders communautaires), qui sont ensuite impliqués dans la gestion et l’animation des espaces publics nouvellement aménagés. Cette démarche permet non seulement de créer des équipements plus adaptés, mais aussi de renforcer la cohésion sociale au sein des quartiers.
Le projet prévoit des équipements, pouvez-vous nous dire quels sont les sites concernés ?
Oui, nous allons aménager cinq sites à travers quatre arrondissements d’Antananarivo (les 2e, 3e, 5e, et 6e arrondissements). Ces sites seront des lieux polyvalents où les habitant∙e∙s pourront se réunir pour pratiquer des activités sportives, organiser des événements culturels et partager des moments de convivialité grâce aux installations.
Le projet inclut également des actions pour promouvoir la mobilité douce. Quels sont les objectifs sur ce volet ?
Il est prévu de réaliser des actions d’urbanisme tactique, dans les 3e et 5e arrondissements, qui visent à faciliter et améliorer les déplacements à pied. Ces actions doivent permettre de tester des solutions avant qu’elles ne soient reprises et intégrées dans un programme plus ambitieux de mobilité douce qui sera financé par l’AFD à Antananarivo. Ces interventions expérimentales sont donc conçues pour être rapidement mise en œuvre et réplicables par la Communauté urbaine d’Antananarivo, afin d’envisager, à terme, la réduction des embouteillages et d’améliorer les déplacements des usagers de la rue.
Le projet s’étend sur trois ans. Quelles sont les principales étapes à venir?
Les travaux sur le premier site ont débuté ce mois-ci, et deux autres chantiers devraient être lancés dans les prochains mois. Pour les sites restants, nous entamerons bientôt les ateliers de co-conception avec les habitant∙e∙s. L’objectif est de finaliser la majorité des équipements d’ici fin 2025. Ensuite, nous nous concentrerons sur l’accompagnement des communautés locales pour assurer une meilleure appropriation et une gestion durable de ces espaces, en collaboration avec la commune urbaine d’Antananarivo.
Quels impacts espérez-vous pour la ville et ses habitants ?
Nous espérons que ce projet servira de modèle pour le développement d’autres espaces publics à Antananarivo et au-delà. En associant innovation sociale et urbanisme participatif, nous croyons qu’il est possible de créer une ville plus résiliente, plus inclusive, et plus agréable à vivre. Les impacts que nous visons concernent autant l’amélioration de l’environnement urbain que la qualité de vie des habitant∙e∙s sur le long terme.