26 octobre 2023
Insertion et emploi Genre Vietnam

Empowerment des travailleuses migrantes dans le Nord du Vietnam

Phu Nu project : Empowering Women Migrant Workers

Avec une économie en pleine croissance, l’industrialisation s’accélère au Vietnam. Le secteur privé se développe et les investissements dans les parcs industriels augmentent. La province de Vinh Phuc, située dans le Nord du pays, compte à elle seule douze zones industrielles qui emploient 82000 travailleur∙euse∙s, dont 70 % de femmes. Parmi elles, 53 % sont des migrantes.

Ces travailleuses qui tentent de subvenir aux besoins de leurs familles et dont le nombre ne cesse d’augmenter, sont cependant confrontées à des situations difficiles. Pour des raisons culturelles, leurs voix sont moins entendues que celles de leurs collègues masculins et elles vivent le plus souvent dans des logements précaires et insalubres. Les femmes migrantes sont, quant à elles, exclues des activités sociales et des aides mises en place par les autorités locales. Certaines sont issues de communautés ethniques minoritaires et perçues comme des migrantes internes peu qualifiées et éduquées.

Pour contribuer à améliorer leurs conditions de vie et de travail, le Gret, en collaboration avec Batik International et des partenaires locaux – dont les syndicats de la province de Vinh Phuc et de Hai Duong et l’Union des femmes de Vinh Phuc -, a lancé en 2014 le projet Phu Nu. Ce projet a œuvré pendant neuf ans au renforcement du leadership des travailleuses du quartier de Khai Quang, dans la ville de Vinh Yen (province de Vinh Phuc, Nord du Vietnam).

La première phase du projet (2014-2017) a permis aux travailleuses migrantes de s’informer sur leurs droits et les politiques les concernant et de s’organiser, grâce à la création d’espaces leur permettant de se réunir, de partager leur expérience et de se former. Quinze “clubs” ont ainsi été créés, auxquels ont adhéré 800 travailleuses et au sein desquels ont été nommées trente dirigeantes.

La deuxième phase (2018-2021) a débouché sur un dialogue entre les travailleuses migrantes et d’autres acteurs – notamment les propriétaires de leurs pensions -, afin que leurs besoins matériels soient pris en compte. Leurs logements ont ainsi pu être améliorés : des salles de bain ont été modernisées, le prix de l’électricité stabilisé. Certaines installations au sein de l’usine ont également été rénovées comme les cuisines, les toilettes ou encore les salles d’allaitement.

Grâce aux financements de l’Agence française de développement, la fondation Weave Our Future et la fondation Abbé Pierre, le projet Phu Nu a changé d’échelle entre 2022 et 2023 : il a atteint des milliers de travailleuses migrantes dans le quartier de Khai Quang et les zones industrielles de la province. Pour renforcer le leadership et l’action des travailleuses, de nombreuses sessions de formation et des ateliers ont été organisées, réunissant plus de 2000 participant∙e∙s, dont 59 % de femmes.

L’objectif était de renforcer leurs connaissances, en mettant l’accent sur le code du travail révisé de 2019, les politiques liées à la sécurité sociale et la violence basée sur le genre. Pour la première fois, des sessions de formation sur le dialogue au travail et le harcèlement sexuel ont aussi été organisées à destination des cadres et travailleur∙euse∙s des parcs industriels.

Le projet a également permis aux travailleuses d’accéder aux informations essentielles à la défense de leurs droits, à travers différents canaux de communication. Une base de données en ligne, hébergée sur le site web du Syndicat de Vinh Phuc réunit des documents juridiques relatifs au droit du travail, le code du travail de 2019, la loi sur la sécurité sociale de 2014, etc. Des clips vidéos, jeux et bannières en ligne ont été créés pour sensibiliser et informer les travailleuses sur les ressources à leur disposition – notamment le soutien juridique en ligne du Syndicat de Vinh Phuc.

A la fin du projet, l’équipe a partagé les bonnes pratiques et les leçons tirées de cette expérience avec d’autres ONG et les bailleurs afin de les sensibiliser aux conditions des travailleuses migrantes. Des recommandations écrites à des fins de plaidoyer ont été soumises aux décideurs pour contribuer à une révision des cadres institutionnels et juridiques relatifs aux travailleuses.

Nguyen Thi Thuy, une travailleuse migrante de 39 ans du parc industriel de Khai Quang, est devenue dirigeante d’un club mis en place dans le cadre du projet. Elle témoigne : « outre des connaissances sur les droits et les compétences non techniques des travailleurs, le projet m’a aidée à surmonter ma timidité pour prendre la parole, faire une bonne présentation et diriger les réunions du club. Nous pouvons maintenant partager nos connaissances et les compétences acquises avec nos collègues et nos amies ».

Pour en savoir plus sur le projet Phu Nu, visionner la vidéo :


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