Les sanimarchés sont des magasins de vente de latrines à bas coûts, développés dans le cadre du projet ASAP dans la région de Tambacounda, au Sénégal. Ce projet, financé par l’Union européenne et mis en œuvre par l’Agence régionale de développement de Tambacounda et le Gret, appuie depuis 2017 dix opérateurs privés en milieu rural dans le développement et le suivi de leurs activités de sanimarchés. Mouhamed Yatara représente l’un de ces opérateurs, le groupement d’intérêt économique Adad, basé à Dialacoto.
Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir opérateur de sanimarché ?
Si notre groupement d’intérêt économique a choisi de s’investir dans le secteur de l’assainissement rural, c’est avant tout pour participer au développement de l’économie locale, et à la réduction du chômage des femmes et des jeunes, de la pauvreté et de l’immigration clandestine, très présente dans la région de Tambacounda. De plus, cette activité nous permet d’élargir le champ des compétences de notre association dans les domaines de la construction, de la gestion financière, des stocks et des équipes, et plus largement de renforcer les compétences des artisans locaux par l’acquisition de nouvelles techniques de construction d’ouvrages d’assainissement amélioré. Enfin, il est très important pour nous de participer au développement de la commune de Dialacoto par l’amélioration des conditions de vie des populations !
En quoi consiste votre rôle d’opérateur de sanimarché ?
En tant qu’opérateur de sanimarché, nous produisons et vendons des latrines hygiéniques répondant à la demande des ménages. Pour cela, nous utilisons les techniques du marketing social de l’assainissement, une démarche nouvelle qui nécessite le concours de plusieurs compétences – techniques, commerciales, etc. Même si des marges bénéficiaires sont dégagées par l’opérateur, notre travail revêt un caractère social compte tenu du niveau des revenus de la plupart des ménages de notre zone d’intervention. Cependant, nous nous heurtons à l’enclavement de certains villages, qui rend l’approvisionnement en matériaux de construction difficile, et au coût des latrines, jugé élevé pour bon nombre de ménages, surtout les plus vulnérables. L’expérience d’entrepreneur dans le cadre du projet ASAP a inspiré notre groupement, qui a reproduit le modèle de gestion du projet dans ses domaines d’intervention classiques que sont l’agriculture, la santé, la citoyenneté, l’égalité des genres et la protection de l’environnement.
Quels effets vos actions ont-elles sur les conditions de vie des populations environnantes ?
Les différentes activités du projet, qui s’articulent autour de la construction et de l’installation de latrines à domicile mais aussi de la sensibilisation des populations, ont permis d’une part le rétablissement d’un sentiment de dignité et d’intimité, en particulier chez les femmes, mais aussi la disparition des nuisances avec l’abandon de la défécation à l’air libre, ainsi qu’un meilleur cadre de vie et une meilleure santé des populations. Enfin, il est important de souligner la création de nouveaux emplois et l’amélioration du niveau de vie des ouvriers qui construisent les latrines, car ils bénéficient désormais d’un emploi régulier et assez bien rémunéré.
Face à la pandémie de Covid-19, et suivant en temps réel les consignes des différentes autorités locales et nationales, les équipes du Gret ont adapté leurs modalités de travail pour continuer à assurer au mieux leur mission d’intérêt général, tout en agissant à leur niveau pour limiter au maximum la propagation du virus.