21 août 2024
Systèmes alimentaires Agroécologie Changement climatique Nutrition Sécurité alimentaire Madagascar

Promouvoir la sécurité alimentaire dans le Sud de Madagascar

Projet pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle à Madagascar

Dans le Sud de Madagascar, la situation alimentaire et nutritionnelle est particulièrement critique en raison des sécheresses récurrentes et de l’enclavement de la région. Depuis mars 2020, le projet Afafi Sud contribue à améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages ruraux des régions d’Androy et d’Anosy grâce à des interventions novatrices et durables.

Ce projet financé par l’Union européenne est mené conjointement par le Gret, l’ONG malgache CTAS (Centre technique agro-écologique du Sud), AVSF (Agronomes et vétérinaires sans frontières), ainsi que par le Cirad, avec la contribution du Fofifa/Cenraderu (Centre national de recherche appliquée au développement rural à Madagascar).

Des actions innovantes et multisectorielles…

Ce projet adopte des approches innovantes en matière d’agroécologie, d’amélioration des activités génératrices de revenus et de prévention de la malnutrition, tout en valorisant les compétences au niveau des communautés.

Pour répondre aux défis climatiques, le CTAS promeut des techniques agroécologiques avec la mise en place de « blocs agroécologiques » dans l’intérêt de créer un « effet oasis ». Ces parcelles de dix hectares minimum sur lesquelles sont semées des plantes pluriannuelles présentent de nombreux avantages : elles contribuent à restaurer la fertilité des sols, augmenter l’infiltration de l’eau de pluie, protéger les cultures contre les vents violents mais aussi à améliorer l’alimentation du bétail et diversifier l’alimentation des ménages. Pour produire des semences homologuées et adaptées aux conditions climatiques de cette région, le CTAS collabore avec les associations locales. Cela a permis d’améliorer les rendements et de renforcer la sécurité alimentaire des ménages.

En collaboration avec le Fofifa, le Cirad a, pour sa part, contribué à augmenter la diversité génétique du sorgho, du mil, du niébé, de l’arachide et du cajanus dans les blocs agroécologiques selon une approche participative, impliquant directement les producteurs et productrices dans la sélection et l’évaluation de nouvelles variétés adaptées aux conditions climatiques de la région d’Androy.

Le projet encourage également la diversification des revenus familiaux des ménages. AVSF a ainsi œuvré à l’amélioration génétique des chèvres et des techniques d’élevage de poules et de chèvres, augmentant la résistance et la productivité des cheptels. Le Gret a soutenu des activités de cultures maraîchères portées par des associations majoritairement composées de femmes. Ces associations ont été équipées de kits de micro-irrigation de type solaire pour faciliter l’arrosage.

Pour prévenir la malnutrition chez les enfants de 6 à 24 mois, 22 centres d’accueil enfant-mère (ou CAEM) ont été mis en place dans des zones reculées de la région d’Androy, en collaboration avec l’Office Régional de la Nutrition et les centres de santé de base. Des agents communautaires au sein des CAEM sensibilisent les mères aux bonnes pratiques alimentaires, aux soins et à l’hygiène, et réalisent des démonstrations culinaires à base de produits locaux.

…pour des résultats sur la durée

Au total, 151 500 personnes ont bénéficié des actions du projet. Plus de 531,22 tonnes de semences améliorées et certifiées ont été produites. Les rendements agricoles ainsi que les revenus de producteur∙rice∙s ont augmenté. Les blocs agroécologiques couvrent actuellement 3 877 hectares de terres.

Pour les élevages caprins, on observe une diminution significative de la mortalité des chevreaux et une amélioration pondérale. Plus de 472 géniteurs de race améliorée ont été produits au niveau des groupements d’éleveurs.

La situation nutritionnelle des populations vulnérables, notamment des enfants de moins de cinq ans, a été améliorée grâce à la sensibilisation et à la distribution d’une farine infantile fortifiée (« Koba Aina« ) produite localement lors des grandes périodes de sécheresse en 2021. Les CAEM ont joué un rôle crucial dans l’amélioration des pratiques alimentaires, de soins et d’hygiène. Les enfants sont à présent moins susceptibles de contracter des maladies chroniques et présentent un poids adéquat.

Le projet Afafi Sud démontre que des interventions bien conçues et mises en œuvre de manière collaborative peuvent transformer les conditions de vie des populations rurales dans des régions confrontées à des défis climatiques et économiques importants.

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