30 mai 2024
Nutrition et santé Systèmes alimentaires Agroécologie Sénégal

Des cantines scolaires mobiles pour lutter contre la malnutrition et sensibiliser à l’agroécologie

Cantines scolaires projet Alija

Le Gret et l’association sénégalaise AGORA lancent Alija, un nouveau projet de cantines scolaires mobiles et de jardins pédagogiques dans quatre écoles de la commune de Gandon, au Nord du Sénégal. L’enjeu est d’améliorer l’alimentation des écoliers et de sensibiliser les agriculteurs et agricultrices de demain aux pratiques agroécologiques. En s’appuyant sur cette expérience, le Gret souhaite aussi promouvoir la généralisation de cantines scolaires approvisionnées en circuits courts.

Améliorer l’alimentation des écoliers

Au Sénégal, 31% des décès d’enfants sont dus à la malnutrition et 75% des enfants n’ont pas une alimentation suffisamment variée. La malnutrition a de multiples impacts sur leur vie et leur développement futur, et constitue un obstacle important à leurs capacités d’apprentissage. Ce phénomène est dû au manque de ressources financières des familles, mais aussi à une mauvaise compréhension des bonnes habitudes alimentaires et un accès limité à des aliments sains et nutritifs.

Dans les écoles primaires, de nombreux enfants arrivent le ventre vide le matin et achètent des snacks très sucrés, salés et gras pendant la récréation.

L’enjeu de ce nouveau projet est d’expérimenter, dans trois écoles, un dispositif de cantines scolaires mobiles, apportant à 300 écoliers un petit déjeuner complet. Grâce à l’expérience de l’association Agora, ces petits déjeuners seront fabriqués dans une cuisine centrale, à partir de produits locaux fournis par des agriculteurs et agricultrices, dont des groupements féminins. Ces petits déjeuners pourront par exemple être composés de bouillies à base de mil ou de maïs, de pâte d’arachide ou encore de haricots (niébé) et accompagnés de lait caillé, de tisanes ou de jus de fruits locaux.

L’intérêt des cantines mobiles est aussi de limiter les coûts d’investissements, car la plupart des écoles ne disposent pas de cuisine ou de réfectoire. Ce dispositif est donc particulièrement adapté aux petites écoles en milieu rural.

En parallèle, un programme d’éducation à l’équilibre nutritionnel sera dispensé par le Gret et Agora aux enseignant∙e∙s et aux élèves.

Sensibiliser à l’agroécologie dès le plus jeune âge

L’agroécologie est encore une pratique peu développée dans la vallée du fleuve Sénégal, où cohabitent des grandes entreprises agro-industrielles et des exploitations familiales. Leurs méthodes agricoles reposent souvent sur l’utilisation d’intrants chimiques avec un impact sur les sols, les ressources en eau et la santé humaine.

Pour sensibiliser les enfants et leurs familles à des méthodes agricoles durables et à la préservation des ressources naturelles, des jardins pédagogiques seront mis en place dans les 4 écoles pilotes. Ils permettront d’enseigner, par la pratique, des techniques pour améliorer la fertilité des sols, d’éliminer les engrais, insecticides et pesticides chimiques et de réduire la consommation d’eau pour l’irrigation.

La plantation d’arbres, notamment fruitiers, favorisera aussi la biodiversité et contribuera à rafraîchir les cours de récréation.

Les quatre groupements féminins fournissant les cantines seront accompagnés eux-aussi à adopter des pratiques agroécologiques, et à trouver de nouveaux débouchés commerciaux sur le marché local.

Pérenniser et déployer le dispositif

L’amélioration de l’alimentation en milieu scolaire reste un défi important, au Sénégal comme dans de nombreux pays. L’enjeu du projet est donc d’expérimenter un dispositif vertueux sur le plan économique, social et environnemental, et de diffuser ses bonnes pratiques pour promouvoir la généralisation de dispositifs similaires dans les écoles sénégalaises.

Ce projet est mené grâce au soutien de la fondation Bel, du CFSI et de la fondation de France et de la Stiftung Drittes Millennium. Un des défis principaux pour le Gret est celui de la pérennité des financements : le projet sera donc aussi l’occasion d’étudier les modalités de financement les plus adaptés et de contribuer, avec les associations engagées sur le sujet, à plaider pour un soutien public durable à une alimentation scolaire de qualité.

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