25 octobre 2023
Systèmes alimentaires Filières agricoles Sécurité alimentaire Sénégal

Sénégal : dans le bassin arachidier, des organisations paysannes renforcées

Projet Opess de soutien aux organisations paysannes

Situé dans la région naturelle du Sine Saloum, au centre du Sénégal, le bassin arachidier regroupe à lui seul 57 % des terres cultivables du pays. On y cultive, entre autres, l’arachide, le mil, le sorgho, le niébé et des légumes. De nombreux agriculteurs et agricultrices peinent pourtant à assurer une offre de produits en quantité et qualité régulière et à vivre de leur activité. En cause, des difficultés organisationnelles mais aussi l’absence de services techniques, financiers et commerciaux leur permettant d’accéder à des marchés rémunérateurs.

Pour répondre à ces besoins, Humundi et le Gret apportent leur soutien aux organisations paysannes du bassin arachidier dans le cadre du projet Opess[1]. Pour assurer aux agriculteurs et agricultrices des débouchés commerciaux plus prometteurs et une véritable stabilité économique, le projet met en relation et favorise notamment la contractualisation entre les organisations paysannes et les entreprises agroalimentaires du territoire.

Trois organisations paysannes faitières et leurs membres sont accompagnées dans les départements de Kaffrine, Mbirkilane et Guinguinéo :  l’Association pour le développement agricole de Kaffrine et Kaolack (ADAK, également partenaire du projet), la Centrale d’achat d’arachide de Ngathie (CAA) et le Réseau des producteurs de céréales locales de Mabo (RPCL).

Des organisations paysannes plus autonomes et compétitives…

Le projet vise tout d’abord à renforcer les capacités des organisations paysannes de la base au sommet (organisations faitières), afin qu’elles gagnent en autonomie et deviennent plus compétitives. Il les aide notamment à mettre en place une meilleure organisation interne, une gouvernance solide, à développer des services pour leurs membres et à gérer plus efficacement leurs ressources, en particulier financières.

Pour les organisations faitières, cet appui se traduit concrètement par des sessions de formation sur la gouvernance et le leadership ou encore par l’aide à la mise en place de services techniques et économiques pour leurs membres : conseil à la production, gestion collective des semences et d’équipements agricoles ou de transformation, etc. Le projet facilite l’accès à des financements adaptés – essentiels au développement des organisations paysannes – notamment via des institutions de microfinance.

Pour améliorer la qualité et augmenter l’offre groupée en produits agricoles, un programme de gestion  de stock semencier  a été installé et un suivi régulier est effectué pour chaque campagne de production et de commercialisation. Le projet propose aussi un appui pour améliorer des pratiques de production et de transformation et veiller au respect des cahiers des charges des entreprises.

…pleinement insérées dans les dynamiques de leur territoire

La concertation locale est encouragée pour promouvoir la collaboration entre les organisations paysannes et d’autres acteurs des filières dans lesquelles elles s’investissent. Cela favorise la résolution de problèmes communs et la coordination des efforts. La mise en relation avec les entreprises agroalimentaires – potentiellement clientes des produits des organisations paysannes – et la discussion sur les conditions de commercialisation (prix, qualité et régularité de l’offre) est facilitée au sein de ces espaces.

Un cadre local d’échanges dédié à l’arachide « graine » a ainsi émergé à Kaffrine et sa formalisation est en cours. Une démarche concertée de révision d’un guide de bonnes pratiques est également menée au sein du Cadre national interprofessionnel de la filière niébé afin d’assurer une qualité supérieure et la sécurité des consommateur·rice·s.

L’exemple de l’ADAK, une organisation paysanne expérimentée

Alors que le projet touche à sa fin, l’ADAK a pu établir plusieurs contrats de financement avec des institutions de microfinance pour un montant d’environ 100 millions de Francs CFA sur les trois dernières campagnes agricoles. Ces ressources ont permis à l’organisation de développer des activités de commercialisation groupée.

L’ADAK a également pu valoriser un nouveau sous-produit – l’arachide semi transformée -, en intégrant la gestion collective de deux décortiqueuses d’arachide. Grâce à l’appropriation des résultats d’une étude de marchés dédiée et à son insertion dans le cadre de concertation locale de Kaffrine, l’organisation a pu améliorer sa compréhension des contraintes liées à la commercialisation de l’arachide graine. Les échanges menés dans ce cadre ont également permis une contractualisation juste et équitable avec une entreprise agroalimentaire locale.

Aujourd’hui, l’ADAK poursuit sa réflexion pour diversifier davantage les débouchés commerciaux rémunérateurs et assurer ainsi de meilleurs revenus pour ses membres.

« Nous avons pu transformer notre organisation et ouvrir de nouvelles opportunités pour nos membres. Nous sommes fiers de contribuer à l’essor de l’agriculture locale« , se réjouit Balla Gaye, président de l’ADAK.


[1] Le projet « les Organisations paysannes à la conquête des entreprises du Sine Saloum » (Opess) est mis en œuvre par Humundi (ex SOS-faim Belgique) en collaboration avec le Gret et l’ADAK. Cette initiative est financée par Enabel pour une durée de 30 mois (mai 2021 – novembre 2023).

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