La malnutrition est souvent causée de façon immédiate par les maladies communes de l’enfant et un apport alimentaire inadéquat. Le Niger et Madagascar sont parmi les pays les plus touchés par la malnutrition, avec près d’un enfant de moins de 5 ans sur deux souffrant de malnutrition chronique et plus de 12 % de malnutrition aiguë. Cette situation critique, fortement liée au niveau de pauvreté élevé de ces pays, est exacerbée par des facteurs tels que l’insécurité alimentaire chronique, l’insécurité accrue dans certaines zones, ainsi que les chocs répétitifs liés aux aléas climatiques, aux déplacements de populations dus aux conflits, aux épidémies, à l’accès limité aux services de santé, et aux impacts socio-économiques des crises politiques. Ces deux pays, particulièrement vulnérables, sont ainsi exposés à des crises alimentaires récurrentes.
L’Aide alimentaire programmée (AAP), outil dédié du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) avec l’appui des ambassades de France, est développée en faveur des populations en situation d’insécurité alimentaire et nutritionnelle sévère. Depuis 2018, le Gret compte parmi les partenaires opérationnels du MEAE à Madagascar. Fort de cette expérience, il met en œuvre en 2024 deux nouveaux projets d’aide alimentaire au Niger et à Madagascar.
Au Niger, le projet cible près de 37 000 personnes dans les départements de Dakoro et Mayahi de la région de Maradi, l’une des plus sinistrée du pays. Il doit fournir une assistance alimentaire à 35 000 ménages vulnérables pendant la période de soudure, prendre en charge 5 000 enfants et 3 000 femmes enceintes et allaitantes, et mettre en place des actions agroécologiques pour 5 000 ménages. Le projet intègre également une forte composante genre, essentielle dans un contexte marqué par des inégalités persistantes et un taux élevé de violences basées sur le genre, exacerbées par la crise humanitaire. En sensibilisant 22 000 personnes aux bonnes pratiques nutritionnelles, agricoles et de genre, le projet vise à instaurer des solutions durables.
A Madagascar, le projet se concentre dans la région Androy, l’une des plus défavorisées du pays, souffrant de conditions climatiques extrêmement rudes et d’un accès insuffisant aux infrastructures et services de base, notamment en eau. Les sécheresses récurrentes, les vents violents et la faible intégration de l’agriculture et de l’élevage entraînent une insécurité alimentaire et nutritionnelle importante. Ce projet permettra d’apporter une assistance alimentaire à 1 600 ménages vulnérables, de prendre en charge 1 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë modérée et de distribuer des collations fortifiées à 1 000 enfants dans les écoles. Par ailleurs, il renforcera les activités génératrices de revenus pour 800 ménages et sensibilisera plus de 10 000 personnes aux bonnes pratiques en matière de nutrition, d’hygiène et de soins. Indirectement, des milliers de personnes bénéficieront également des actions de sensibilisation menées, notamment, via la diffusion de spots radio.
Renforcer les capacités et la résilience des populations les plus vulnérables pour atténuer l’impact de la crise alimentaire et nutritionnelle est essentiel – et en particulier chez les femmes et les jeunes enfants de moins de 2 ans, dans la période dite « des 1 000 jours », cruciale en matière de développement physique et cognitif.
Les actions spécifiques du Gret, en lien avec ce renforcement de l’action de la France en matière de nutrition s’inscrivent également dans la perspective du prochain sommet « Nutrition pour la Croissance » (Nutrition for Growth – N4G), qui se tiendra en France les 27 et 28 mars 2025.